Legs et donations 2022

- 32 - LE GUIDE DES ASSOCIATIONS & FONDATIONS 2022 ÉTUDE FAMILLE térêt de « la science » s’arrête-t-il aux portes de la recherche publique ? Quid également d’un corps donné à la science dont les utilités ne seraient pas exploitées ? Concrètement, les corps abandonnés dans les couloirs de Paris-Descartes ont finalement été donnés « pour rien » et, dans cette hypothèse, force est de reconnaître que la volonté du défunt n’a pas été respectée quant à la finalité du don. 18 - Renforcement de l’encadrement juridique du don des corps. – Jusqu’à présent, les textes relatifs au don de corps se préoccupaient du consentement du défunt et du transport du corps mort, puis de la destina- tion finale de la dépouille. Entre les deux, manquait une étape cruciale : le moment où le corps est entre les mains de la « science ». Il est pourtant essentiel que le corps donné à la science soit pleinement envisagé comme un prolongement d’une personne décédée. Si la médecine a besoin d’une certaine « deshumanisation » pour pouvoir exploiter toutes les utilités du corps mort, le droit ne peut s’abriter derrière l’intérêt de la science pour permettre une réification complète du cadavre dans ce contexte. Les règles déontologiques et les grands principes civilistes pouvaient certainement suffire à imposer un usage respectueux du corps dans ce contexte. Mais cela n’ôtait pas pour autant l’utilité de règles et de procédures spécifiques afin d’encadrer des pratiques souvent disparates. À cet égard, on ne peut que se féliciter de la récente intervention du législateur. Dans l’attente du décret, qui devra trancher les questions très discutées de la prise en charge des frais de transport et de la restitution des corps aux familles, il faut d’ores et déjà approuver l’entrée du don de corps dans le champ des lois de bioéthique, et l’affirmation claire des principes de respect et de dignité pendant les opérations scientifiques et pédagogiques. 19 - Au terme de ces observations, il apparaît que les dernières volontés sont essentielles en matière de dons de corps et d’organes. Elles doivent être partagées avec les proches afin que ceux-ci puissent, ensuite, veiller à leur respect. Dans le respect de la mémoire du défunt, le corps mort peut alors devenir un bel outil au service des vivants.

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