Simone Veil - Un héritage humaniste

Préface E n 1954, maman a décidé d’entrer dans la vie professionnelle et, à l’issue d’un arbitrage conjugal, de devenir magistrat. Affectée dès 1957 à l’admi- nistrationpénitentiaire, elle a ensuite été nommée à ladirectiondes Affaires civiles et du Sceau et plus précisément au Bureau en charge du Droit de la famille, puis elle a rejoint en 1969 en qualité de conseiller technique le cabinet du ministre de la Justice. Enfin elle a occupé, sur décision de Georges Pompidou, alors président de la République, le poste de secrétaire du Conseil supérieur de la magistrature. Magistrat atypique, puisqu’elle n’a jamais ni requis ni siégé, elle a passionnément aimé le Droit et nombre des témoignages réunis ici décrivent comment le substitut Simone Veil, conjuguant la règle de Droit et sa trajectoire personnelle, s’est acquitté des missions qui lui ont été confiées. Après vingt ans dans la magistrature, notre mère a été aspirée par l’action politique sans qu’elle ait eu lemoins dumonde conscience que son entrée au gouvernement enmai 1974mettait un terme définitif à sa carrière de magistrat puisque cette embardée professionnelle durera également vingt ans, de 1974 à 1995, soit comme ministre, soit comme parlementaire européen. Dans le temps de cette vie politique, nous l’avons, nombre de fois, entendue s’étonner et surtout regretter le peu d’intérêt, et parfois la grande ignorance, de nombre d’hommes politiques, notamment membres des gouvernements dont elle a fait partie, pour le Droit, trop souvent regardé comme une entrave à l’efficacité pour des dirigeants formés au service de l’État ! Enfin pendant dix ans, d’abord commemembre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007, puis en 2008 en qualité de présidente d’un comité de réflexion dont l’objet était d’envisager les principes susceptibles d’être gravés dans le Préambule de la Constitution, elle a été conduite à apprécier et à protéger ce texte qui régit les principes de notre démocratie et qui fixe notamment l’équilibre entre les droits et les libertés individuels et ceux de la collectivité nationale. Dans ce livre, le lecteur découvrira comment, pendant cinquante ans, notre mère s’est attachée à défendre et améliorer le sort de chacun d’entre nous en usant du Droit et en s’appuyant sur la Loi pour que tous nous puissions vivre mieux dans un monde qu’elle espérait chaque jour meilleur que le précédent. Parallèlement, certains textes montrent qu’elle n’a cessé d’agir pour que la mémoire de la Shoah soit transmise afin que la tentative de destruction des peuples Juif et Tzigane ne se renouvelle pas. Ses actions en faveur de la construction européenne, essentielle pour assurer une paix pérenne, mais aussi pour célébrer l’héroïsme des Français reconnus en qualité de « Justes parmi les Nations », ou encore sa présidence de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah sont également évoquées dans cet ouvrage. À titre d’ultime contribution, il nous a paru pertinent de proposer la publication d’une lettre manuscrite signée de Jean Foyer, datée du 14 octobre 1965 adressée, signe des temps, àM me Antoine (Extrait)

RkJQdWJsaXNoZXIy NzcwNTg=