Simone Veil - Un héritage humaniste

211 Simone Veil : incarnation de la Dignité humaine 78651 : ces chiffres inscrits, de manière indélé- bile, sur la peau de Simone Veil étaient destinés à nier en elle toute personne humaine et réduire son existence à un simple numéro tatoué sur son bras gauche. La jeune Simone Jacob, âgée de seize ans, déportée à Auschwitz-Birkenau, puis à Bergen-Belsen, portera donc toute sa vie ce signe de négation de la dignité humaine que les nazis avaient voulu inscrire dans sa chair. Ce numéro était censé faire des personnes déportées des « victimes honteuses », des « animaux tatoués » comme l’avait ressenti alors celle qui allait devenir l’incarnation de la Dignité humaine. Il n’avait pas fallu longtemps pour que sa vie bascule d’une existence paisible sur la Côte d’Azur dans une famille aimante à la barbarie des camps de lamort, le « statut des Juifs » décidé par Vichy, le remplacement des troupes d’occupa- tion italiennes par les Allemands précipite le destin de la jeune fille qui passe sans transition de l’insouciance à l’horreur. Avait-elle alors lu Kant en se préparant à son examen du bacca- lauréat et son concept de dignité de la personne humaine qui ne doit jamais être traité comme un moyen, mais comme une fin. C’est peu probable. En revanche, l’intelligence vive de la jeune fille aurait cer- tainement aimé s’exercer à débattre de cette conception de lamorale universelle. Sans doute aurait-elle noté avec une certaine ironie que le philosophe qui parlait d’universalité n’avait pas quitté le petit espace de sa ville. Sans doute dans le camp, elle auraitmesuré ladistance entre le concept imaginé par un philosophe à la vie tranquille et la réalité violente de survie à laquelle elle était désormais confrontée. Dans sa culture laïque, il est probable qu’on n’avait pas enseigné à Simone que la dignité de tout homme vient de Dieu qui l’a créé à son image. Dans son ouvrage Fondements de lamétaphysique des mœurs , le philo- sophe allemand déconnecte lui-même la notion de dignité de la foi : « Tous les hommes sont dignes de lamême dignité car si les choses ont un prix, l’homme, lui a une dignité, laquelle est sans degré, ni partie et cela serait vrai même si Dieu n’existait pas ». Mais où est Dieu dans Jean Leonetti Ancien ministre des Affaires européennes Rapporteur des lois de bioéthique (Extrait)

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